Bien des personnes avec qui j'ai eu l'occasion de discuter me disent
que le texte est incompréhensible, trop long. Signeriez-vous
un contrat qui vous engage pour 50 ans et que vous ne comprenez-pas ?
Voici l'adresse d'un site indépendant, créé par Étienne Chouard, professeur de droit, Marseillais, qui propose sur le projet de constitution une analyse approfondie et très intéressante.
Je respecte tout à fait le simple citoyen, quelle que soit sa
conviction. La recherche de la vérité n'est en effet pas
chose facile.
Par contre, le comportement totalitaire en faveur du oui, des médias,
et de la nomenclature qui prétend nous dicter nos choix m'insupporte.
Un certain nombre de personnes ont pris position. Pratiquement seuls
ceux qui se sont prononcés pour le oui ont eu la faveur des médias.
Les autres ont eu droit au silence ou au mépris. On veut donner
aux Français l'impression que seuls quelques extrémistes
sont favorables au non, alors que c'est l'opinion de beaucoup de gens modérés,
entre autres, d'une majorité de ceux qui travaillent, des ouvriers
aux chefs d'entreprises, en passant par bien des professions libérales.
Certains, à court d'argument, assimilent partisans du NON et
partisans de Jean-Marie Le Pen. D'une part c'est faire de Le Pen l'arbitre
de toute décision française. Belle façon de combattre
ses idées.
Ils oublient de dire que les poseurs de bombes corses, le Le Pen autrichien
Heider, Berlusconi et ses alliés Mussoliniens, Megret et le va-t-en
guerre Cohn Bendit votent oui. Donc parlons du texte en hommes libres qui
ne se laissent pas dicter leur jugement.
Il est d'ailleurs significatif que les partisans du NON citent systématiquement le texte du projet de constitution, quand les partisans officiels du oui, se lancent soit dans des déclarations pompeuses et vagues (spécialiste absolu, Monsieur Jacques Lang), soit dans des citations d'articles qui n'existent pas (Monsieur J. Chirac parlant de l'harmonisation sociale, Madame Ségolène Royal évoquant le droit de référendum d'initiative populaire, pures inventions), soit dans des bordées d'insultes (Monsieur et Madame Jospin comparant Messieurs Laurent Fabius et Jean-Marie Le Pen). C'est consternant. N'ont-ils donc aucun vrai argument ? Monsieur Giscard d'Estaing déclare publiquement qu'il n'aurait pas dû mettre dans le texte la partie III, qu'il est inutile de la lire, alors que c'est cette partie économique et dogmatique qui pose le plus problème. Pourquoi donc l'a-t-il mise ? Cela sent l'arnaque, le contrat malhonnête.
Je m'exprime donc, en tant que simple citoyen, publiquement, pour le NON.
Voici quelques raisons simples qui m'ont conduit à ce choix :
Article II-75, page 22 : Toute personne a le droit de travailler. Encore heureux que le travail ne soit pas interdit ! Mais cela n'a rien à voir avec le droit au travail.
Article II-88, page 23 : Les ... employeurs... ont... le droit... de grève. C'est le droit au lok-out, interdit en France, qui apparaît, dissimulé dans une longue phrase. Comme un méchant accord du participe passé, dans une dictée de Bernard Pivot.
Article II-94, page 24 : L'Union reconnaît et respecte le droit d'accès aux prestations sociales... respecte, pourquoi pas garantit qui est plus fort ?
Article III-144, page 30 : Les restrictions à la libre prestation des services... sont interdites... Là, il s'agit d'affaires et les mots deviennent précis, interdit. C'est du super Bolkestein, avec en plus la force de la loi, s'imposant à la Constitution Française. Lorsque les mairies lanceront des appels d'offre et qu'un artisan français (35 heures, smic et impôts) se retrouvera en concurrence avec un artisan polonais (...), bonjour l'égalité des chances. Et lorsque la Pologne nous aura rejoint en pouvoir d'achat, nous passerons à la Roumanie, la Turquie, le Maroc...
Article III-151, page 31 : ... l'interdiction de restrictions
quantitatives... s'applique aux produits... en provenance de pays tiers.
La-aussi, le mot employé est fort. Inutile de chercher plus
loin pourquoi l'Europe réagit aussi peu (sinon un peu de cinéma,
à la veille du vote des Français) à la destruction
de l'industrie textile française, par les exportations chinoises.
Article III-209, page 42 : L'Union et les états membres, conscients
des droits sociaux... Ici, il s'agit de social ; le vocabulaire n'est pas
contraignant, hyper vague. Imaginez le fronton de votre Mairie, avec cette
devise : "La République, consciente de la Liberté, de l'Égalité
et de la Fraternité..." Vous-vous diriez :"Quel Bla-bla".
Article I-44, page 17 : Les états membres qui souhaitent instaurer
entre eux une coopération renforcée... Suit toute
une liste de conditions à respecter pour obtenir l'autorisation
de l'Europe.
Airbus n'obtiendrait pas aujourd'hui cette autorisation, car
l'Union estimerait qu'elle peut elle-même être à la
tête du projet.
Le TGV, ou l'industrie française du nucléaire, ne pourraient voir le jour, car ces projets Français contredisent l'article III-167, pages 33 et 34 : Sont compatibles avec le marché intérieur...les aides destinées à promouvoir un projet important d'intérêt européen... Or le TGV, les centrales nucléaires étaient d'intérêt Français. Donc pas d'autorisation pour des aides de l'état français.
Article III-168, page 34 : La Commission procède... à
l'examen permanent des régimes d'aides existant... Voici
la Gestapo, Gépéou, Inquisition, Ministère du Vice
et de la Vertu (rayez les mentions inutiles, en fonction de vos convictions)
bureaucratique
à l'œuvre.
Article III-185, page 38 : L'objectif principal du Système
européen de banques centrales est de maintenir la stabilité
des prix.
Avec les résultats que l'on connaît : Un Euro surévalué par rapport au Dollar, qui plombe la compétitivité de nos entreprises. La zone Euro, lanterne rouge mondiale de la croissance (Tous les experts soulignent que la Grande-Bretagne fait preuve de plus de dynamisme, mais justement, elle ne fait pas partie de la zone Euro). 20 millions de chômeurs, une baisse de pouvoir d'achat depuis plus de 10 ans...
Si le oui l'emporte, 50 ans de dogmatisme et de bureaucratie garantis, une démocratie en berne et tout un tas de politiciens qui pourront, encore plus qu'aujourd'hui, promettre une chose en France et décider le contraire à Bruxelles.
@ +
Le NON l'a emporté en France, de façon nette et indiscutable,
avec une forte participation. De nombreux jeunes, jusque là découragés
par le spectacle politique, se sont rendus aux urnes. La discussion a été
intense, approfondie. Un nombre important de Français a choisi de
faire confiance aux grands partis politiques, ils ont voté oui,
c'est un choix respectable. Un nombre encore plus important a choisi en
toute indépendance, grapillant ici ou là des informations,
des critiques, analysant ces critiques en se référant au
texte qui était proposé. Ils ont dit NON et leur choix, tout
aussi respectable, doit être respecté.
Mais encore une fois, les partisans autorisés du oui, chefs de
grands partis, ou grands penseurs autoproclamés, se livrent à
leur manie habituelle : L'insulte et le mépris.
Oui, la France est affaiblie. Pas par les Français, quel que
soit leur choix, mais par cette nomenclature arrogante et sourde.
Quel bilan l'UMP a-t-il tiré du mécontentement grandissant
des Français ? Quel bilan le Parti Socialiste a-t-il tiré
de l'échec cuisant de Lionel Jospin ? Aucun. Pour eux, c'est la
faute aux autres, toujours. C'est la faute au peuple Français, maintenant.
L'affaiblissement de la France doit beaucoup à cette compagnie
des sonotones en panne.
Le projet de constitution européenne est rejeté. Bonne nouvelle, car il était très très mauvais. Pourquoi donc Valéry Giscard D'Estaing a-t-il rédigé une constitution, alors qu'il n'était pas mandaté pour cela ? Il devait simplement toiletter les multiples traités précédents. Orgueil, volonté de rouler dans la farine les Français. Pourquoi d'autres l'ont-ils aidé ou laissé faire ? Voilà leur bilan. Ils ont voulu nous faire avaler en douce une constitution décalcomanie de l'ex constitution soviétique de l'ex URSS, décalcomanie à l'envers, "socialisme" étant remplacé par "libéralisme", comme si le contraire d'une mauvaise chose était forcémment bonne ! Les voilà le bec dans l'eau. Ils l'ont cherché, ils l'ont trouvé. C'est à eux qu'il faut demander des comptes.
Quelques prix citrons : Christine Bravo (qui se prend pour une penseuse), François Hollande (qui persiste et signe), Martine Aubry (dont la haine pour Laurent Fabius fait peine à voir), Jacques Chirac (qui regrette l'affaiblissement de la France. Il n'y est pour rien peut-être ?).
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