Cours de Terminale S, et option de spécialité, sixième page

Page modifiée le 24 janvier 2004
Page précédente : 1 Les questions qui se posent au chimiste

A - La transformation d'un système chimique est-elle toujours rapide ?
2 Transformations rapides ou lentes ; 3 Suivi temporel d'une transformation ; 4 Quelle interprétation donner au niveau microscopique ?

B - La transformation d'un système chimique est-elle toujours totale ?
5 Une transformation chimique n'est pas toujours totale et la réaction a lieu dans les deux sens ; 6 État d'équilibre d'un système, quotient de réaction, constante d'équilibre ; 7 Transformations associées à des réactions acido-basiques en solution aqueuse, constante d'acidité

Sur cette page

C - Le sens "spontané" d'évolution d'un système est-il prévisible ?

   Le sens d'évolution d'un système chimique peut-il être inversé ?

8 Un système chimique évolue spontanément vers l'état d'équilibre
9 Les piles, dispositifs mettant en jeu des transformations spontanées permettant de récupérer de l'énergie
10 Exemples de transformations forcées
D - Comment le chimiste contrôle-t-il les transformations de la matière ?

Exemples pris dans les sciences de l'ingénieur et dans les sciences de la vie (4 TP, 7 heures classe entière)
 

11 Les réactions d'estérification et d'hydrolyse
12 Des exemples de contrôle de l'évolution de systèmes chimiques pris dans l'industrie chimique et dans les sciences de la vie

C Le sens "spontané" d'évolution d'un système est-il prévisible ?

Le sens d'évolution d'un système chimique peut-il être inversé ?

3 TP, 9 H classe entière

8 Un système chimique évolue spontanément vers l'état d'équilibre


Note importante : Dans cette leçon, nous nous attacherons à trouver le sens spontané d'évolution d'un système, sans nous préoccuper de considérations cinétiques. Il se peut donc qu'une transformation spontanée soit tellement lente qu'elle ne nous apparaisse pas.

8.1. Rappel : Le quotient de réaction

Si l'équation de la transformation n'est pas donnée, vous devez être capable de la trouver, et de l'équilibrer avec des nombres stœchiométriques les plus petits possibles.
A partir de cette équation, vous devez être capable d'écrire le quotient de réaction.
Rappel : Le quotient de réaction, pour une réaction en solution aqueuse d'équation a A + b B = c C + d D est :
 
Qr = [C]c . [D]d / ([A]a . [B]b)

Où seules les espèces chimiques solubles sont prises en compte ; l'eau (ou les autres solvants) n'est pas prise en compte, les phases solides ne sont pas non plus prises en compte.

8.2. Dans quel sens un système chimique évolue-t-il spontanément ?

8.2.1. Travail pratique, réactions acido basiques


Matériel nécessaire : Au bureau, flacons de 1 L d'acide éthanoïque, d'éthanoate de sodium, d'acide méthanoïque, de méthanoate de sodium de concentration précisément égale à 0,01 mol . L-1. Veillez à employer des bases non carbonatées. 4 pipettes jaugées de 10 mL, 4 de 1 mL, 8 pipetteurs, 3 verres à pied pour étalonnage des pH-mètres, solutions tampon pH 7 et pH 4, morceaux de papier filtre, essuie-tout, réserve d'eau distillée, robinet, bidons à récupération.

Pour 8 groupes de 2 élèves : 1 pH-mètre, 1 pissette d'eau distillée, 6 béchers (ou verres ordinaires), 1 verre à pied pour ranger la sonde du pH-mètre.

Protocole 1 : Voici les pKa de 2 couples acido basiques :
Acide éthanoïque CH3COOH, ion éthanoate, appelé couple a1, b1 : pKa1 = 4,8 ;
Acide méthanoïque HCOOH, ion méthanoate, appelé couple a2, b2 : pKa2 = 3,8 ;
Réalisez successivement les solutions suivantes, avec une aussi grande précision que possible, et mesurez leur pH :

  1. 10 mL d'acide éthanoïque plus 10 mL de solution d'ion éthanoate (appelés a1 et b1).
  2. 10 mL d'acide éthanoïque plus 10 mL de solution d'ion éthanoate, plus 20 mL d'eau distillée.
  3. 10 mL d'acide méthanoïque plus 10 mL de solution d'ion méthanoate (appelés a2 et b2).
  4. 10 mL d'acide méthanoïque plus 10 mL de solution d'ion méthanoate, plus 20 mL d'eau distillée.
  5. 10 mL d'acide éthanoïque plus 10 mL de solution d'ion éthanoate, plus 10 mL d'acide méthanoïque plus 10 mL de solution d'ion méthanoate.
Note : Il est possible de partager ce travail en trois parties et de mettre les résultats en commun. Les mesures concernant les mélanges 5 et 8, posant le plus de problèmes, devront être confiées à un nombre important de groupes. Réponse 1 : La constante K de réaction s'écrit : {[b2]équilibre . [a1]équilibre} / {[a2]équil .  [b1]éq}. Pour les solutions 1 et 2, le pH est le même ; il est égal au pKa du couple acido basique. De même pour les solutions 3 et 4. Ces solutions contiennent donc des espèces acide et basique du même couple, dans les mêmes concentrations (le rapport des concentrations vaut 1). Des mélanges en quantités égales des formes acide et basique du même couple ont un pH qui ne varie pas lorsque ce mélange est dilué (dans des limites raisonnables). Nous comparons le pH de la solution 5 à ceux des solutions 2 et 4, car l'effet de dilution y est le même. Le pH de 5 est évidemment intermédiaire entre ceux de 2 et 4 (le contraire serait surprenant). Un diagramme de prédominance nous montre immédiatement que la forme acide du couple 1 de plus fort pKa prédomine et que c'est la forme basique pour l'autre, couple 2. Il s'est formé de l'acide éthanoïque et des ions méthanoate. Des ions éthanoïque et de l'acide méthanoïque ont été consommés. Le système a évolué dans le sens direct de l'équation. Dans l'état initial du système, les 4 concentrations apportées sont égales (elles valent 1/4 des concentrations marquées sur les flacons, du fait de la dilution). Dans l'état initial, K vaut 1. Le pH final vaut 4,3. La relation pH = pKa + Log ([forme basique] / [forme acide]) que nous ne redémontrerons pas ici, permet de calculer les rapports [b1] / [a1] et [b2] / [a2], dans l'état final. Log ([b1] / [a1]) = 4,3 - 4,8 = -0,5 entraîne [b1] / [a1] = 0,32 (il y a plus de la forme acide du couple acide éthanoïque CH3COOH, ion éthanoate- ou moins de la forme basique) et Log ([b2] / [a2]) = 4,3 - 3,8 = 0,5 conduit à [b2] / [a2] = 3,2 (il y a plus de la forme basique de ce couple de l'acide méthanoïque). Le quotient de réaction à l'équilibre vaut {[b2] [a1]} / {[a2] [b1]}, soit 3,2 / 0,32 = 10. Il est égal à la constante d'équilibre K = Ka2 / Ka1 = 10(- pKa2 + pKa1) = 101 = 10.

Protocole 2 : Réalisez successivement les solutions suivantes, avec une précision moyenne, et mesurez leur pH :

  1. 10 mL d'acide éthanoïque plus 1 mL de solution d'ion éthanoate plus 29 mL d'eau distillée.
  2. 1 mL d'acide méthanoïque plus 10 mL de solution d'ion méthanoate plus 29 mL d'eau distillée.
  3. 10 mL d'acide éthanoïque plus 1 mL de solution d'ion éthanoate, plus 1 mL d'acide méthanoïque plus 10 mL de solution d'ion méthanoate plus 18 mL d'eau distillée. Notez que cette fois encore, les volumes totaux sont les mêmes.
Note : Il est possible de partager ce travail en trois parties et de mettre les résultats en commun. Réponse 2 : Les 3 pH mesurés sont proches de 3,8, 4,8 et 4,3. Pour la solution 6, la forme acide prédomine, ce qui se voit à l'énoncé et au pH inférieur au pKa ; [b1] / [a1] = 0,10. C'est le contraire pour la solution 7, et [b2] / [a2] = 10. Nous comparons le pH de la solution 8 à ceux des solutions 6 et 7, car l'effet de dilution y est le même. Le pH de 8 est évidemment intermédiaire entre ceux de 6 et 7. Un diagramme de prédominance nous montre immédiatement que la forme acide du couple 1 de plus fort pKa prédomine, mais moins que dans la solution 6 et que c'est la forme basique pour l'autre, mais moins que dans la solution 7. Il s'est formé de l'acide méthanoïque et des ions éthanoate. Des ions méthanoïque et de l'acide éthanoïque ont été consommés. Dans l'état initial du système, K vaut {[b2] [a1]} / {[a2] [b1]} ou [{10-2 x 10-2}/ {10-3  x 10-3}] x [{1/4 x 1/4} / {1/4 x 1/4}]. Les coefficients 1/4 sont liés à l'effet de dilution. Soit K = 100. Le pH final vaut 4,3. La relation pH = pKa + Log ([forme basique] / [forme acide]), permet de calculer les rapports [b1] / [a1] et [b2] / [a2] dans l'état final. Log ([b1] / [a1]) = 4,3 - 4,8 = -0,5 entraîne [b1] / [a1] = 0,32 (il y a plus de la forme acide du couple acide éthanoïque CH3COOH, ion éthanoate que de la forme basique, mais l'écart a diminué, d'un rapport 0,10 à 0,32, ce qui signifie qu'il s'est formé de la forme basique, et donc que de la forme acide a réagi) et Log ([b2] / [a2]) = 4,3 - 3,8 = 0,5 conduit à [b2] / [a2] = 3,2 (il y a plus de la forme basique de ce couple de l'acide méthanoïque, que de la forme acide, mais moins qu'initialement). Le système a évolué dans le sens inverse de l'équation. Le quotient de réaction à l'équilibre vaut {[b2] [a1]} / {[a2] [b1]}, soit 3,2 / 0,32 = 10. Il est égal à la constante d'équilibre K = Ka2 / Ka1 = 10(- pKa2 + pKa1) = 101 = 10.

En résumé Qr initial = 1 conduit à Qr final = K = 10, le système évoluant dans le sens direct de l'équation. Qr initial = 100 conduit à Qr final = K = 10, le système évoluant dans le sens inverse de l'équation.

8.2.2. Travail pratique, réactions d'oxydoréduction


// Note provisoire : Le programme officiel propose dans ses exemples d'activités, mélange de solutions d'ions fer (II), d'ions fer (III), d'ions iodure et de diiode ; mélange de solutions d'ions fer (II), d'ions cuivre (III), de poudre de fer et de poudre de cuivre. La première expérience me gène un peu, car elle conduit à employer dans les calculs, des concentrations en ions iodure et en diiode, alors qu'il a été expliqué précédemment aux élèves que le diiode, en présence d'ions iodure donne des ions triiodure. De plus, faute d'avoir vu un travail pratique complet et qui "marche", il me paraît difficile d'observer les deux sens de transformation.
La deuxième sera retenue et faute d'avoir trouvé un travail pratique complet et qui "marche", je propose provisoirement les expériences suivantes :

Considérons les équations Cu2+ + Fe = Fe2+ + Cu et Cu + 2 Fe3+ = 2 Fe2+ + Cu2+.
Elles correspondent aux deux transformations observées. La constante d'équilibre associée à la première vaut 2,8 . 1026 ; celle de la deuxième est égale à 3,8 . 1040.
A améliorer...

8.2.3. Conclusion : Critère d'évolution spontanée d'un système chimique

Un système chimique évolue spontanément vers un état d'équilibre, tel que le quotient de réaction final soit égal à la constante d'équilibre K.
Si le quotient de réaction initial Qr initial , calculé à partir des concentrations apportées (c'est à dire calculées en supposant qu'aucune réaction n'a encore eu lieu) est inférieur à K, le système évolue dans le sens direct d'écriture de l'équation.
Si Qr initial est supérieur à K, le système évolue dans le sens inverse de l'équation.
Si Qr initial est égal à K, le système n'évolue pas.

8.3. Exercices


Page 190 et suivantes, exercices : 9 et 10 (documentaires, qualitatifs), 11 (complexation), 12 (sulfate de baryum), 18 (estérification), 23 (solubilité de l'acide benzoïque dans l'eau), 25 (type bac, conductimétrie).

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9 Les piles, dispositifs mettant en jeu des transformations spontanées permettant de récupérer de l'énergie

9.1. Transfert spontané d'électrons entre espèces chimiques

Matériel nécessaire : Solutions de sulfate de cuivre et de sulfate de fer à 0,1 mol . L-1, morceau de cuivre, morceau de fer, 3 béchers, papier filtre et ciseaux, 2 pinces crocodile, fils électriques, 1 voltmètre, 1 ampèremètre sensible (il est possible de n'utiliser qu'un multimètre numérique doté d'une fonction ampèremètre sensible), 1 boîte de résistances type AOIP.

9.1.1. Transfert spontané direct entre espèces chimiques mélangées


Plaçons dans le même bécher 2 solutions contenant des ions Fe(II) et Cu(II), approximativement aux mêmes concentrations, ainsi qu'un morceau de cuivre et un morceau de fer. Nous constatons que le métal fer se recouvre de métal cuivre, et par comparaison avec une expérience de la leçon précédente, qu'il se forme des ions Fe(II) et que des ions Cu(II) disparaissent.
La constante d'équilibre associée à l'équation Cu2+ + Fe = Fe2+ + Cu, vaut 2,8 . 1026. Or le quotient de réaction initial était proche de 1. Le système a donc évolué dans le sens direct de l'écriture de l'équation de la réaction. Nous constatons qu'il y a eu transfert d'électrons de l'élément (sous forme métal) fer, vers l'élément (sous forme ionique) cuivre. L'élément fer passe de la forme métal à la forme ionique ; l'élément cuivre passe lui de la forme ionique à la forme métal.
Une expérience similaire peut être réalisée en remplaçant l'élément fer, par l'élément zinc. En ce cas, la constante d'équilibre associée à l'équation Cu2+ + Zn = Zn2+ + Cu, vaut 1,9 . 1037.

9.1.2. Transfert spontané entre espèces chimiques séparées


Vous avez étudié, en classe de première scientifique, ce type de transfert.
Montage : Plaçons dans 1 bécher un morceau de fer métal et une solution contenant des ions fer (II). Nous avons réalisé une demi-pile. Plaçons dans un autre bécher un morceau de cuivre métal et une solution contenant des ions cuivre (II) ; relions les 2 béchers par un pont salin, morceau de papier filtre qui va s'imprégner des 2 solutions par capillarité, et raccordons les 2 électrodes, fer et cuivre à un circuit électrique comportant une résistance de 1000 W, 1 ampèremètre et 1 voltmètre.

Constatations : Nous observons un passage de courant électrique, à travers la résistance, depuis l'électrode en cuivre, vers celle en fer. Le cuivre est à un potentiel plus élevé que le fer (d.d.p. cuivre-fer positive).

Interprétation : Dans la résistance (et aussi l'ampèremètre, les fils, les plaques métalliques), des électrons circulent, du fer vers le cuivre (le sens conventionnel du courant est donc du cuivre, borne + de la pile, vers le fer, borne -). Comme dans l'expérience précédente, où toutes les espèces chimiques étaient mélangées.
Dans les solutions de sulfate de cuivre et de sulfate de fer, il y a déplacements d'ions. Les ions cuivre et fer, positifs, circulent dans le sens conventionnel du courant, donc du - vers le + à l'intérieur de la pile. Les ions sulfate, négatifs, circulent en sens inverse.
Le pont salin assure la continuité du circuit électrique ; il permet le passage du courant par déplacement des ions qu'il contient (dans le sens conventionnel à l'intérieur d'une pile).
Les électrons sortant de l'électrode en fer proviennent de l'oxydation du fer selon la demi équation : Fe = Fe2+ + 2 é.
Les électrons qui arrivent dans l'électrode en cuivre produisent une réduction des ions cuivre (II) présent dans la solution en métal cuivre, selon : Cu2+ + 2 é = Cu.
Le bilan est le même que lors du transfert d'électrons entre espèces chimiques mélangées.

Protocole : Mesurez la force électromotrice de cette pile, puis l'intensité maximale qu'elle peut débiter (rappelez les précautions d'usage d'un ampèremètre). Pour quelle raison cette intensité est-elle si faible ? Modifiez votre montage pour augmenter cette intensitée débitée. Cette pile pourrait-elle alimenter une lampe de poche, une calculatrice électronique ?  Cette intensité correspondant à la limite de sensibilité de notre ampèremètre numérique, proposez une autre technique de mesure employant la boite de résistances et un voltmètre.

Tracez la caractéristique U = f (I) de cette pile. Vous pourrez pour cela utiliser des valeurs R de résistances de la boite AOIP branchée sur la pile, tournant autour de 50000W. Trouvez la résistance interne de cette pile.

Réponses : Cette pile a une f.é.m. de 1,06 V et une résistance interne très grande aux alentours de 50000W. Il faut réduire le plus possible la longueur du pont salin. Pour mesurer des intensités aussi faibles, il est possible de mesurer la tension aux bornes d'une résistance AOIP, R branchée sur la pile et d'appliquer la loi d'Ohm. Les mesures seront valides tant que la résistance R de la boite AOIP sera très inférieure à celle du voltmètre, aux environs de 100 MW. La tension U aux bornes de la pile est de la forme U = E - r . I. E est mesurée au voltmètre numérique, avec une bonne précision, compte tenu de la résistance de celui-ci. r peut être trouvée graphiquement, ou par régression linéaire à l'aide d'une calculatrice (même de type collège). Apprenez à utiliser cette fonction utile. r peut être trouvée autrement : C'est la valeur de la résistance R de la boite AOIP qui conduit à U = E / 2.
 
L'électrode où se produit la réduction est appelée cathode. L'électrode où se produit l'oxydation est appelée anode.

// Remarquez que réduction et cathode commencent par une consonne, oxydation et anode par une voyelle.

// Note pour le professeur : Dans certains métaux, les porteurs de charge sont positifs et ne sont donc pas des électrons.

Note 1 pour les élèves : Vous devrez être capable d'interpréter le fonctionnement d'une pile en disposant d'une information parmi les suivantes : sens de circulation du courant électrique, f.é.m., réactions aux électrodes, polarité des électrodes, mouvement des porteurs de charge.

9.2. Force électromotrice d'une pile, ou f.é.m.


Un voltmètre électronique, branché aux bornes d'une pile, permet de mesurer sa force électromotrice E.

La f.é.m. de la pile est la tension entre ses bornes, lorsque la pile ne débite pas de courant. Vous avez vu en classe de première que lorsque la pile débite une certaine intensité, la tension entre ses bornes est inférieure à la f.é.m.

Lors de l'évolution spontanée, la valeur du quotient de réaction tend vers la constante d'équilibre. La f.é.m. tend vers 0. A l'équilibre, la pile est usée.

9.3. Quantité d'électricité maximale débitée dans un circuit


Rappelons la relation entre intensité I d'un courant électrique, en ampère, charge électrique Q transportée, en coulomb, et durée t de passage du courant en seconde : Q = I . t.
Si l'intensité I n'est pas constante, il faut soit prendre la valeur moyenne de l'intensité, soit réduire la durée de mesure. La relation devient : DQ = I . Dt, et à la limite, dQ = I . dt.

Lorsqu'une mole d'espèce chimique est transformée dans la pile, il circule dans le circuit une charge électrique égale à n . F, où F est le symbole du faraday, et n le nombre d'électrons intervenant dans la demi-équation concernant cette espèce chimique.
Le faraday, est la valeur absolue de la charge électrique d'une mole d'électrons, F = NA . e.
NA est la constante d'Avogadro, e est la charge élémentaire, valeur absolue de la charge de l'électron, et F = 96500 C.

Note 2 pour les élèves : Vous devrez être capable d'utiliser ces relations, par exemple calculer une quantité d'électricité débitée par une pile connaissant la diminution, ou l'augmentation, de la masse d'une électrode (principe des premiers compteurs électriques). Ces relations sont aussi applicables aux électrolyses. La pile est usée lorsque le réactif limitant a été consommé.

9.4. Exercices


Lire page 206, exemples de piles usuelles et page 209, les piles "grand public".
Pages 211 et suivantes, exercices 8 (montage correct de 2 demi-piles), 11 (note 1 pour les élèves), 22 (type bac, note 2 pour les élèves), 21 (thème documentaire, pile à combustible).

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10 Exemples de transformations forcées

10.1. Travail pratique 1


Matériel nécessaire : Solutions de sulfate de cuivre et de sulfate de fer à 0,1 mol . L-1, morceau de cuivre, morceau de fer, 3 béchers, papier filtre et ciseaux, 2 pinces crocodile, fils électriques, 1 voltmètre, 1 ampèremètre sensible, 1 boîte de résistances type AOIP, 1 générateur de tension continue constante, ajustable à partir de 0 V (exemple, petites alimentations ELC jaunes, 0 - 15 V, ou alimentation Jeulin - 15 V, + 15 V).
Montage : Placez dans 1 bécher un morceau de fer métal et une solution contenant des ions fer (II). Placez dans un autre bécher un morceau de cuivre métal et une solution contenant des ions cuivre (II) ; reliez les 2 béchers par un pont salin, morceau de papier filtre qui va s'imprégner des 2 solutions par capillarité, et raccordez les 2 électrodes, fer et cuivre à un circuit électrique comportant une résistance de 1000 W, 1 ampèremètre et 1 voltmètre. Ajoutez dans ce circuit le générateur de tension continue constante (d'abord réglé sur 0 V), dans un sens tel qu'il permette d'inverser le sens du courant. Faites un tableau dans lequel vous relèverez l'intensité du courant électrique traversant le circuit, avec son sens, pour diverses valeurs de la tension délivrée par le générateur (inspirez-vous du travail pratique précédent).
Lorsque le sens du courant a été inversé, indiquez le sens de déplacement des divers porteurs de charges, les signes des deux électrodes et les transformations chimiques qui s'y produisent. Où a lieu une réduction, une oxydation ? Où sont l'anode et la cathode ? Voyez-vous des applications à une telle transformation forcée ?

// Application : Les piles rechargeables, les accumulateurs.

Rappel :
L'électrode où se produit la réduction est appelée cathode. L'électrode où se produit l'oxydation est appelée anode.

10.2. Travail pratique 2, électrolyse d'une solution de chlorure de sodium


Matériel nécessaire : Solution saturée de sel de mer, tube en U avec 2 bouchons percés, traversés par une électrode en graphite. 2 pinces crocodile, fils, 1 générateur de tension continue constante, ajustable à partir de 0 V, 1 voltmètre, 1 ampèremètre, solution d'indigo (1 cartouche d'encre bleue empruntée à un stylo à encre suffit), phénolphtaléine.

Protocole : Remplissez partiellement le tube en U de solution de chlorure de sodium. Du côté de l'électrode positive, ajoutez, sans agiter quelques gouttes d'encre. De l'autre côté, versez quelques gouttes de phénolphtaléine. Fermez le circuit électrique. Augmentez progressivement la tension, pour observer un passage du courant électrique.

Observations : Faites un schéma de ce que vous observez. Le gaz qui se dégage sur l'électrode positive semble-t-il soluble dans l'eau ? Quelle est sa nature (si vous essayez de le sentir, soyez très prudent, il s'agit d'un gaz qui peut être mortel) ?
Quel est le caractère des ions qui se forment sur l'autre électrode ? Essayez de prouver la nature du gaz qui s'y dégage, à l'aide d'une bûchette présentant un point incandescent. A la fin de l'électrolyse, agitez le tube en U, pour mélanger les produits qui se sont formés sur les 2 électrodes. Sentez prudemment le mélange. Quelle est sa nature ? Écrivez les équations des transformations chimiques qui se sont produites.

// Application : La fabrication de la soude et de l'eau de Javel.
 
Une électrolyse est une transformation forcée.

10.3. Application, les accumulateurs au plomb


Apparus en 1860, ils représentent actuellement 65 % du marché. Ils sont dus à Gaston Planté.
Chaque élément, de f.é.m. 2 V, comporte une électrode en plomb et une autre en plomb recouvert d'oxyde de plomb PbO2, qui baignent dans une solution aqueuse d'acide sulfurique à 6 mol . L-1 (concentrée, donc dangereuse) et de sulfate de plomb. La réaction spontanée de décharge de l'accumulateur s'écrit :
PbO2 + 4 H+ + Pb = 2 Pb2+ + 2 H2O.
La réaction de charge est : 2 Pb2+ + 2 H2O = PbO2 + 4 H+ + Pb.

Question : L'électrode en plomb est-elle anode ou cathode, lors de la charge, lors de la décharge ?

10.4. Application, galvanoplastie


Il s'agit de déposer une couche métallique sur un objet, par électrolyse.

10.5. Réactions spontanées et forcées dans les milieux biologiques

10.5.1. La respiration correspond à des transformations spontanées


La respiration correspond à une réaction spontanée de dégradation de matière organique, dans laquelle intervient l'oxygène. Elle fournit de l'eau et du dioxyde de carbone, ainsi que de l'énergie. La dégradation d'une mole de glucose (180 g) fournit 2,9 millions de joules, selon l'équation : C6H12O6 + 6 O2 = 6 CO2 + 6 H2O.

10.5.2. La photosynthèse correspond à des transformations forcées


Lors de la photosynthèse, les cellules végétales captent l'énergie solaire, par l'intermédiaire de la chlorophylle. Cela leur permet la synthèse (entre autres) du glucose, selon l'équation : 6 CO2 + 6 H2O = C6H12O6 + 6 O2.

10.6. Exercices


Page 231 et suivantes, exercices 8 (électrolyse du sulfate de cuivre), 13 (zingage par électrolyse), 19 (type bac, calcul de la masse de cadmium métal produite par électrolyse).

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D - Comment le chimiste contrôle-t-il les transformations de la matière ?
Exemples pris dans les sciences de l'ingénieur et dans les sciences de la vie (4 TP, 7 heures classe entière)
 

11 Les réactions d'estérification et d'hydrolyse

11.1. Travail pratique, synthèse d'un ester


Matériel nécessaire : Au bureau (entre parenthèses, quantité à prélever par chaque groupe d'élèves),
acide éthanoïque pur (15 mL), alcool benzylique C6H5-CH2-OH (10 mL) (-> éthanoate de benzyle, ester à odeur de jasmin - paraît-il car le produit que nous avons obtenu évoque de l'odeur de jasmin, uniquement la partie "agressive", entêtante),
ou acide éthanoïque pur (11,5 mL), alcool isoamylique ou 3-méthylbutanol (22 mL) (-> acétate d'isoamyle ou éthanoate de 3 - méthylbutyle),
flacon de grains de pierre ponce, 2 petits flacons compte goutte en plastique contenant de l'acide sulfurique concentré, 2 éprouvettes graduées de 25 mL, 2 bouteilles de solution de sel saturée, solution d'hydrogénocarbonate de sodium à 1 mol . L-1, sulfate de magnésium anhydre, 1 spatule, éluant à chromatographie : acétate d'éthyle et cyclohexane, 1 lampe à U.V., éthanoate de benzyle, 1 verre de montre, capillaires (ou piques à apéritif), sèche cheveux.

Pour chaque groupe : 1 chauffe ballon à thermostat (indispensable, sinon les produits et réactifs seront calcinés), 1 ballon, 1 réfrigérant monté à reflux, 1 paire de lunettes, 1 ampoule à décanter et son support, 1 erlenmeyer, 1 cuve à chromatographie, 1 plaque à chromatographie sensible aux U.V.,

Protocole : Réfléchissez aux règles de sécurité à respecter (lunettes, travail debout, précautions lors de la manipulation de l'acide sulfurique concentré...). Dans le ballon, introduisez les volumes indiqués d'acide carboxylique et d'alcool, 5 gouttes d'acide sulfurique concentré, quelques grains de pierre ponce. Chauffez à reflux, à ébullition douce pendant une demi heure. Observez le reflux, évaluez par toucher la température de la colonne à reflux, en différents points. N'oubliez-pas la circulation d'eau. Aucune vapeur ne doit s'échapper de la colonne.
Éteignez le chauffe ballon, versez doucement dans le ballon 50 mL de solution salée. récupérez le tout dans l'ampoule à décanter, éliminez la phase aqueuse, puis ajoutez 50 mL de solution d'hydrogénocarbonate de sodium. Agitez avec précaution. Inutile d'arroser vos voisins. Éliminez la phase aqueuse. Recueillez la phase organique dans un erlenmeyer, ajoutez quelques spatules de sulfate de magnésium anhydre.
Comparez par chromatographie le produit obtenu, l'alcool benzylique et l'éthanoate de benzyle.

Interprétation : Rédigez un compte rendu rappelant les consignes de sécurité. Écrivez l'équation de la transformation qui a lieu en présence de l'hydrogénocarbonate de sodium. Interprétez le chromatogramme. Écrivez l'équation de la réaction d'estérification. est-elle totale ?

11.2. Esters, groupe caractéristique, nomenclature


Un ester possède le groupe .
L'un des atomes d'oxygène est doublement lié au carbone fonctionnel, l'autre doit être lié à un autre atome de carbone (et pas à un hydrogène, sans quoi il s'agirait d'un acide carboxylique).
 
Le nom d'un ester est formé de deux termes :
Le premier, avec le suffixe -oate, désigne la chaîne provenant de l'acide carboxylique.
Le deuxième, avec le suffixe -yle, est le nom du groupe alkyle de l'alcool.

Les deux chaînes sont numérotées à partir de l'atome de carbone fonctionnel.

11.3. Synthèse des esters


Un ester peut être obtenu par réaction d'un acide carboxylique avec un alcool, selon l'équation :

RCOOH + R'OH = RCOOR' + H2O.
// acide + alcool = ester + eau

La réaction d'estérification est lente et limitée. Les ions H+ sont catalyseur de cette réaction.

11.4. Hydrolyse des esters


L'eau hydrolyse tous les esters, en donnant un acide carboxylique et un alcool, selon l'équation :

RCOOR' + H2O = RCOOH + R'OH.

La réaction d'hydrolyse est lente et limitée. Les ions H+ sont catalyseur de cette réaction. C'est la réaction inverse de la réaction d'estérification.

// Hydrolyse : Coupure par action de l'eau.

11.5. Équilibre d'estérification - hydrolyse


Ces deux réactions sont inverse l'une de l'autre. Elles ont lieu simultanément, ce qui conduit à un état d'équilibre. A l'équilibre, la vitesse de formation de l'ester par estérification est égale à sa vitesse de disparition par hydrolyse.

Écrivons pour la réaction d'estérification une constante d'équilibre, K = [ester]équilibre . [eau]éq / ([acide]éq . [alcool]éq).
// Note : Admettons que nous ayions le droit de le faire ! L'eau n'est pas le solvant, donc sa concentration figure dans l'expression. Mais l'ester étant insoluble dans l'eau, que signifie [ester] ??? Certains ouvrages s'en "sortent" en remplaçant les concentrations fictives par les quantités de matière, mais la loi ainsi énoncée ne fait l'objet d'aucune justification.

Supposons que nous soyions parvenu à un état d'équilibre. Que se passe-t-il si nous éliminons un des produits (ester ou eau), ou du moins, si nous diminuons sa concentration ? Nous voyons que le quotient de réaction devient inférieur à la constante d'équilibre, donc que la réaction se produit dans le sens direct ; il y a production d'ester. Nous obtenons le même résultat en augmentant la concentration de l'un des réactifs, alcool ou acide carboxylique.

Le rendement d'une réaction chimique est égal au rapport de la quantité d'un produit effectivement obtenue à la quantité qui aurait été produite, si la transformation avait été totale. Le rendement est égal au taux d'avancement (final, si le chimiste a la patience d'attendre que l'équilibre chimique soit atteint).
Supposons par exemple, que les conditions initiales permettent de prévoir la formation de 100 g d'ester, dans le cas d'un avancement maximal. Si nous n'en obtenons que 60 g, le rendement est de 60 %.

Le rendement des estérifications dépend très peu de l'acide carboxylique employé. Il dépend par contre nettement de la classe de l'alcool :

11.6. Contrôle de la vitesse de réaction par la température


L'expérience montre que pour les réactions d'estérification - hydrolyse, la constante d'équilibre ne dépend pas de la température. Une élévation de température permet d'atteindre plus rapidement l'équilibre, mais ne modifie pas celui-ci.

11.7. Contrôle de la vitesse de réaction par un catalyseur

Un catalyseur est une espèce qui augmente la vitesse d'une réaction chimique. Le catalyseur ne figure pas dans l'équation de la réaction, car il se retrouve inchangé à la fin de celle-ci.
Un catalyseur ne modifie pas l'état d'équilibre du système chimique, car il accélère la réaction directe et la réaction inverse.
Un catalyseur est spécifique à une réaction, car il modifie le mécanisme de celle-ci.

Vous avez déjà rencontré une espèce chimique jouant le rôle de catalyseur, lors d'un travail pratique de cinétique. Rappelons de quoi il s'agissait.

Réaction 1 : Lente ; c'est celle que nous étudions.
Réaction 2 : Rapide ; elle nous sert à doser la quantité de diiode formé, lors de la réaction 1.
Réaction 3 : Très lente ; ce qui nous permettra une astuce expérimentale.

Si maintenant nous nous intéressons à la réaction 3 très lente, nous constatons qu'elle est accélérée (réaction 1) par l'apport en ions iodure, lesquels sont régénérés par la réaction 2.

Un catalyseur est sélectif. Ainsi, en faisant passer des vapeurs d'éthanol sur du cuivre à 250 °C, on obtient de l'éthanal ; en les faisant passer sur de l'alumine à 400 °C, on obtient de l'éthylène.
En choisissant le catalyseur, le chimiste pourra orienter une transformation chimique.

11.8. Catalyseur, expérience de cours


Matériel nécessaire : 1 bécher de 100 mL, 1 appareil de chauffage (bec Bunsen ou plaque électrique), solution de sel de Seignette à 60 g . L-1, eau oxygénée 110 volumes, chlorure ou sulfate de cobalt (II) à 0,3 mol. L-1.

Protocole : Versez dans le bécher environ 30 mL de solution de sel de Seignette (tartrate de sodium et de potassium, contenant les ions tartrate -OOC-CHOH-CHOH-COO-). Ajoutez avec précaution environ 2 mL d'eau oxygénée à 110 volumes. Vérifiez qu'à la température ordinaire, aucune réaction n'est perceptible. Chauffez à environ 70 ° C. Observez un faible dégagement gazeux. Ajoutez 2 mL de solution contenant des ions cobalt (II).
Au bout de quelques secondes, la réaction s'accélère. Lorsqu'elle cesse, vous pouvez ajouter à nouveau 2 mL d'eau oxygénée. Observez que

L'équation de cette transformation chimique s'écrit :
5 H2O2 + -OOC-CHOH-CHOH-COO- = 6 H2O + 4 CO2 + 2 HO-.
Vous remarquez que les ions cobalt n'y figurent pas.

11.9. Catalyseur, travail pratique


Matériel nécessaire : Eau oxygénée 110 volumes, solution concentrée de chlorure de fer (III), de chlorure de fer (II), bûchettes, allumettes, morceaux de foie, lamelles de navet, béchers. Éponge.

Protocole : L'eau oxygénée se décompose lentement à température ambiante, selon l'équation : 2 H2O2 = 2 H2O + O2.
Montrez qu'il s'agit d'une réaction d'oxydo réduction, écrivez les deux couples mis en jeu, justifiez le terme de dismutation. Cette dismutation est rendue plus rapide par la présence d'un catalyseur.

11.9.1. Catalyse homogène


Répartissez un mélange de 10 mL d'eau oxygénée et de 30 mL d'eau, dans 2 béchers. Ajoutez dans l'un 1 goutte, puis 1 mL de solution concentrée de chlorure de fer (III). Comparez, prévoyez une éponge pour les débordements.
Refaites la même expérience avec des ions fer (II). Observez la couleur finale des solutions.

11.9.2. Catalyse hétérogène


Dans un bécher contenant quelques mL d'eau oxygénée, introduisez une pincée de sable.

11.9.3. Catalyse enzymatique


Dans un bécher contenant 20 mL d'eau oxygénée et 20 mL d'eau, mettez un morceau de foie, ou une lamelle de navet (moins efficace).
Les enzymes sont des catalyseurs très efficaces. La catalase est 106 fois plus efficace que les ions fer (III), pour la décomposition de l'eau oxygénée.

11.10. Exercices


Page 253 et suivantes, exercices : 14 (isomères), 16 (identification), 22 (hydrolyse, avancement), 26 (type bac, Dean - Stark).

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12 Des exemples de contrôle de l'évolution de systèmes chimiques pris dans l'industrie chimique et dans les sciences de la vie

12.1. Synthèse d'un ester, à partir d'un anhydride d'acide et d'un alcool


Matériel nécessaire : 1 bécher, 1 ballon avec réfrigérant, 1 chauffe ballon, anhydride éthanoïque, éthanol, eau salée.

Protocole : Le même que lors de la synthèse d'un ester, mais sans catalyseur. Chauffez 10 minutes. Versez de l'eau salée dans le ballon et récupérez les produits dans un bécher.

Observation : Un ester s'est formé, l'éthanoate d'éthyle.

Il s'agit d'une réaction (assez) rapide et totale, d'équation : 

Un anhydride d'acide est nettement plus réactif que l'acide carboxylique correspondant.
// Note : Le programme officiel considère cette réaction comme rapide.

// Méthode mnémotechnique : Un anhydride peut être considéré comme l'assemblage de 2 molécules d'acide, avec élimination d'une molécule d'eau. Lors de l'estérification, l'eau n'apparaît donc pas (la réaction peut donc être totale) et la deuxième molécule d'acide se retrouve dans les produits (sa réaction avec l'alcool est trop lente).

12.2. Hydrolyse basique des esters, ou saponification


Il s'agit d'une réaction (assez) rapide et totale, d'équation :
R - COO - R' + HO- = R - COO- + R' - OH.

Elle permet de préparer industriellement, à partir de substances naturelles, des alcools et des acides carboxyliques (Remarquez que le deuxième membre de l'équation comporte la forme basique d'un tel acide. Sa forme acide apparaît si on impose une diminution du pH). Elle sert essentiellement à fabriquer des savons.
// Note : Le programme officiel considère cette réaction comme rapide.

12.3. Savons, saponification


Un savon est un mélange de carboxylates de sodium ou de potassium, dont les chaînes carbonées sont non ramifiées et possèdent plus de 10 atomes de carbone.

En solution dans l'eau, un carboxylate de sodium s'écrit : R - COO- + Na+. En toute rigueur, lorsque le savon est solide, sans présence d'eau, on devrait écrire sa formule : R - COONa, puisqu'on ne fait pas apparaître les charges dans l'écriture des solides ioniques. La première notation sera tolérée.

Les savons sont obtenus par saponification de triglycérides, corps nommés esters gras, d'origine naturelle. Pour des raisons de commodité, écrivons la formule du triglycéride sur 3 lignes :

Nous n'avons pas fait apparaître les ions sodium Na+, puisqu'ils figurent dans les deux membres de cette équation, si nous sommes en présence d'eau. Par contre, ne les oubliez-pas si vous avez à calculer une masse de savon produite.
 

Matériel nécessaire : Ballon et chauffe ballon, avec réfrigérant monté à reflux, bouteille d'huile, soude en pastilles ou lessive de soude, eau saturée en sel, spatules, eau distillée, 3 béchers, tube en verre, solution concentrée de chlorure de calcium, tubes à essai et bouchons.

Protocole : Versez dans le ballon de l'huile et une spatulée de pastilles de soude. Chauffez doucement 20 minutes. Récupérez les produits dans un bécher contenant de l'eau saturée en sel. Cette opération est appelée relargage. Recommencez pour éliminer un éventuel excès de soude.
Prélevez un fragment de savon, placez-le dans un bécher contenant de l'eau distillée, dissolvez-le (solution 1) et faites des bulles en soufflant.
Dans un tube à essai, versez de cette solution 1 et un peu d'huile. Bouchez.
Dans un tube 2, placez de la solution 1, un peu de chlorure de calcium et de l'huile.
Dans un tube 3, mettez de l'eau distillée et de l'huile.
Agitez les 3 tubes, laissez reposer et comparez.

12.4. Propriétés des savons


Les ions carboxylate R - COO- des savons comportent deux parties :

Un ion carboxylate à longue chaîne comporte donc une partie hydrophile et une partie lipophile. C'est une espèce chimique amphiphile.

Les propriétés détergentes (du latin detergere, nettoyer) du savon sont dues à ce double caractère. Une couche d'ions carboxylate permet de mettre une minuscule gouttelette d'huile en suspension dans l'eau. Deux couches permettent de mettre en suspension une poussière. A la surface de l'eau, une monocouche d'ions peut se former.

12.5. Titrage direct de l'aspirine


Matériel nécessaire : Au bureau, 1 mortier avec pilon, 1 carré de papier filtre (servant d'entonnoir), 1 cachet d'aspirine 500 non tamponnée, 1 fiole jaugée de 500 mL, réserve d'eau distillée, pissette d'eau distillée, solution de soude à 1,0 . 10-2 mol . L-1, 2 verres à pied, 2 pipettes jaugées de 20 mL, 2 pipetteurs.
Pour chaque groupe : Phénolphtaléine, burette graduée, agitateur magnétique, 2 béchers.

Protocole : L'aspirine est de l'acide acétylsalicylique. C'est un acide faible qui peut être titré par une solution de soude. Mais la molécule comporte aussi une fonction ester qui peut réagir sur la soude dans une réaction de saponification.
2 techniques de titrage sont donc possibles : Soit saponifier la molécule par un excès de soude et mesurer la quantité d'ions hydroxyde restant après saponification et titrage. Il s'agit d'un titrage en retour. Soit exploiter la différence de vitesse de ces 2 réactions, titrage immédiat, saponification assez rapide à chaud, plus lente à la température ordinaire. Nous utiliserons la 2° méthode.

Broyez le cachet d'aspirine et mettez-le en solution dans 500 mL d'eau distillée, sans rien perdre.
Remplissez la burette graduée de solution de soude ; titrez un prélèvement de 20 mL de solution d'aspirine.
Calculez la masse d'aspirine effectivement présente dans un cachet. Comparez à l'indication du fabricant.

12.6. Exercices


Page 271 et suivantes, exercices 15 (estérification par anhydride d'acide), 18 (saponification, calcul de rendement), 23 (type bac, estérification, rendement). Page 290, exercice 12 (catalyse).

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Fin de ce cours personnel de terminale scientifique (qui ne comporte pas la partie spécialité chimie)